Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?
Je m’appelle Noémie, j’ai 27 ans, je suis la tête, le coeur et les petites mains de Hirn&Herz, ma mini fabrique de bijoux.
J’ai fait mes études à Strasbourg, à l’école des Arts Décoratifs. Cette école propose un pôle « Objet » et notamment un atelier bijou magnifique dans lequel j’ai passé pas mal de temps. Là-bas, on m’a présenté le bijou comme oeuvre d’art, comme sculpture, avec une approche très conceptuelle et j’ai adoré ça. Réfléchir à l’objet bijou dans son rapport au corps, à l’espace, à la relation qui le lie à celui qui le porte m’a passionnée. J’y ai aussi acquis des bases techniques indispensables.
Parallèlement, j’ai aussi développé un travail de sculpture et de dessin. Aujourd’hui, au sein de hirn&herz, j’ai développé une collection de bijoux fantaisie plus accessible. Je travaille de façon plus immédiate, plus spontanée.
Es-tu créatrice indépendante à temps plein ? Si oui, quel est le plus difficile lorsque l’on se lance en tant que créateur indépendant à temps plein ?
Hirn&Herz existe depuis un peu plus de 3 ans. Au départ, je travaillais à côté comme vendeuse en joaillerie dans un grand magasin, mais depuis deux ans, je suis créatrice indépendante à plein temps.
Je partage un atelier avec un espace boutique avec cinq autres créatrices à Lyon lafabriq. Travailler entourée d’autres personnes rend les choses plus faciles et plus agréables. Toute seule, j’aurais eu plus de mal à me lancer. A plusieurs, on a plus d’énergie, on se donne des conseils techniques, on parle aussi beaucoup nos créations respectives, d’expos que l’on a visitées, d’artistes que l’on a découverts… Cela aide énormément. Puis on partage aussi le loyer… toute seule je n’aurais pas eu les moyens d’ouvrir cet atelier qui me donne une belle visibilité.
Le plus important lorsqu’on démarre en tant que créateur indépendant c’est d’y croire et de ne pas se décourager. Il faut déployer beaucoup d’énergie et rester fidèle à ses envies. Le plus difficile, c’est de faire face aux périodes où on pense avoir perdu l’inspiration… ça m’arrive souvent, mais jusqu’à présent elle est toujours revenue.
Qu’est-ce qui t’influence le plus lorsque tu créées ?
Je regarde beaucoup de choses très diverses et les stocke dans ma tête. Ça peut être des dessins d’artistes, le travail d’autres bijoutiers, des mots, de la musique, des objets de brocante, mais aussi des matériaux ou des couleurs… Je me constitue ainsi une espèce de grosse banque de données que j’alimente tous les jours. Parfois, après un moment de gestation il y a des idées qui surgissent toutes seules, d’autres fois, je suis obligées d’y creuser pour trouver quelque chose à exploiter.
Au fil du temps, j’ai ainsi créé une drôle de petite famille constituée d’animaux ultra-plats, de nuages-montagnes et de maisons sur pattes, de masques, de couples de coeurs sexués et de smileys à grosses têtes .. autant de bizarreries à porter autour du cou, du doigt ou de poignet.
La relation au bijou me fascine. J’aime imaginer qu’une fois sortis de mon atelier mes bijoux deviennent des porte-bonheur, des grigris avec lesquels on dialogue discrètement en espérant qu’ils révèlent un pouvoir magique…
Quels sont tes matériaux préférés ?
J’aime le métal pour sa résistance. J’ai beaucoup moins d’affinités avec les matériaux qui se modèlent, je préfère ceux qui se taillent, se scient, se martèlent… J’adore découper des formes dans des plaques d’argent ou de laiton. Avec l’expérience, j’ai appris à maîtriser cette technique, à manier ma scie presque comme un outil de dessin.
Si tu pouvais te télétransporter, qu’importe l’époque ou le lieu, dans le studio d’un artiste ou d’un créateur, où irais-tu ?
Si je pouvais me télétransporter, j’en profiterais déjà pour faire un maximum de voyages, pour voir un maximum de choses. Mais sinon, j’adorerais aller faire un tour dans les ateliers de mode des années 20. Je trouve les vêtements, les bijoux et les accessoires de cette époque vraiment exceptionnels. J’irais aussi, dans les ateliers de bijoutiers contemporains dont j’admire profondément le travail, autant pour la technique, que pour l’intelligence de leurs réalisations: Otto Künzli et David Bielander. Je serais complètement tétanisée de timidité mais ce serait une chance incroyable.
Où te vois-tu dans 10 ans ?
Si je peux encore profiter du voyage dans le temps, je veux bien aller jeter un oeil vers ma vie dans 10 ans pour voir comment je m’en sors. C’est difficile à dire. J’ai beaucoup de projets. J’espère que je continuerai à créer.
J’aimerais faire plus de tout, plus de dessin, plus de sculpture, plus de bijoux, plus de voyages. Je me vois bien d’ailleurs dans un bel atelier berlinois, avec un espace boutique pour mes créations et des objets chinés dans le monde entier. En attendant, j’espère continuer sur ma lancée et continuer à faire progresser hirn&herz.